Actualité
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Vendôrama : exposition parisienne à l'occasion des 160 ans de Boucheron
By Elodie Froger . Posted on 20/01/2018
En ce début d'année, à l'occasion de ses 160 ans, la Maison Boucheron prend le contre-pied des dernières expositions joaillières parisiennes(Cartier au Grand Palais et Van Cleff & Arpel au MAD) en ne présentant ni bijoux provenant de ses archives, ni collection privée. Ici, à la Monnaie de Paris, Boucheron propose aux visiteurs une exposition dynamique, grâce à l'intervention de comédiens et interactives. Vous pourrez tout de même y découvrir des pièces joaillières inédites des prochaines collections. A l'issu d'un couloir tagué par d'importants graffitis "Vendôrama", "Boucheron"... vous serez accueilli dans un écrin éphémère translucide, d'inspiration eiffelienne qui renvoie à l’époque des expositions universelles du XIXème s., période à laquelle est née Boucheron. Dès l'entrée, Boucheron vous accueille dans un cabinet de curiosité laqué rouge, dans lequel vous pourrez découvrir des livres originaux, des bons de commandes d'acheteurs de renommée et autre objets-archives de la Maison....le tout parsemé de bijoux de la collection "Serpent Bohême". Ce cabinet est un clin d'oeil au salon chinois commandité par Frédéric Boucheron au début du XXème siècle, qui permet aux clients désireux de discrétion de se dissimuler du public....et voir d'échapper aux regards les plus inquisiteurs par l'utilisation d'une porte dissimulée. Installé au sein de l'Hôtel de Nocé, ce bijou de style asiatique orné de motifs chinois est entièrement recouverts de Vernis Martin. Les visiteurs pourront feuilleter de grands livres intéractifs racontant l’histoire de Frédéric Boucheron. Ce fils de drapiers qui installa sa boutique de bijoux sous les arcades du Palais-Royal en 1858, puis, avant les autres, au numéro 26 de la place Vendôme en 1893. Et admirer la variété des bijoux composant la Collection "Serpent Bohême", animal protecteur, symbole d'infini, véritable icône de la Maison Boucheron. Cette collection qui a été créée en 1968 présente aujourd'hui une déclinaison de pierres telles que le lapis-lazuli, la rhodolite, la malachite... Dans un 2ème espace, vous pourrez vous émerveiller devant un bestiaire joaillier à travers des parures "Loups", "Foxy", "Colibris", "Chouette", "Kaa le serpent"...et des montres. Après la magie des animaux emblématiques de la maison, vous entrez dans l'espace "Création", où vous pourrez découvrir l'art de la gouache....tout bijoux commençant par un dessin sur papier. Et vous pourrez vous distraire en composant vous-même votre propre "Collier Point d'interrogation". Le Collier Point d'interrogation : à la fin du XIXème s., les grandes dames de la société avait besoin d'aide pour se parer, se coiffer, se vêtir. C'est ainsi que Frédéric Boucheron et son chef d'atelier créèrent ce prestigieux collier, qui se porte de façon asymétrique, sans fermoir. Il s'enroule naturellement autour du cou, à l'aide de ressorts. Boucheron devient alors le joaillier des femmes libres. Ce nouveau concept fut récompensé lors de l'Exposition Universelle de 1889 pour sa modernité. La visite se prolonge par un espace dédié à la Fabrication où les visiteurs peuvent à l'aide d'écrans tactiles découvrir les gestes du lapidaire, du polisseur, du sertisseur ou du joaillier. Nous avons été particulièrement ébahis par un important collier "Hôtel Particulier" serti d'un saphir jaune de 21,80 carats épaulé de pampilles en cristal de roches gravées de scénettes animalières. Pour clore cette exposition, l'espace Révélation est consacré aux deux collections emblématiques de la Maison : "Quatre" et "Reflet" présentées dans de superbes colonnes lumineuses, dans un décor de publicités vintage aux allures de petite place Vendôme. Courez-y c'est gratuit, mais sur réservationInfos pratiques :Exposition Vendôrama - Maison Boucheron A la Monnaie de Paris, 4 Ter rue GuénéguaudDe 11h à 19h Du 12 au 28 janvier 2018 Gratuit, sur inscription -
La collection Pierre Bergé & Yves Saint-Laurent : la vente du siècle
By Elodie Froger . Posted on 08/09/2017
En ce 8 septembre 2017, date de la disparition de Pierre Bergé, nous tenions à lui rendre hommage en nous remémorant cette somptueuse vente aux enchères qui s'était déroulée en février 2009 au Grand Palais.
"C'est l'histoire d'une passion. C'est aussi l'histoire d'un amour partagé pour la beauté et l'exception. Ensemble, Yves Saint-Laurent et Pierre Bergé ont fondé une maison de couture qui a marqué la mode de son sceau inimitable. Ensemble, ils ont conjugué leur goût pour l'art sous toutes ses formes. Visionnaires, en quarante ans, ils ont réuni une collection unique au monde." (Colombe Pringle)
Au total ce sont 730 objets qui ont été vendus, pour un record mondial de 373,9 millions d'euros.
Petits florilèges des objets que nous avions particulièrement aimés :
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Chanel, la femme qui lisait
By Elodie Froger . Posted on 01/10/2016
"La donna che legge", est le titre de l'exposition qu'accueille jusqu'au 8 Janvier 2017 la Galerie d'art moderne de Venise, 7ème volet de l'exposition itinérante "Culture Chanel". Vous devez penser encore une exposition consacrée à Gabrielle Chanel....oui c'est exact, mais cette rétrospective à pour objet de découvrir cette personnalité si controversée à travers ses lectures. C'est la première fois que son abondante bibliothèque est présentée au public. La conception de cette exposition est intéressante, puisque ni cartel, ni sens de visite ne sont imposés aux visiteurs. A son gré le visiteur découvre les 400 livres présentés et plus de 300 objets et œuvres d'art provenant de la rue Cambon, le tout présenté dans un environnement très épuré : y sont présentés des dédicaces, des dessins, des peintures, des photographies et des archives, des pièces de joaillerie et des parfums qui dialogueront tout naturellement avec un vestiaire Chanel sélectionné. Depuis son plus jeune âge, Gabrielle Chanel a fait des livres ses compagnons. Elle était une lectrice assidue, appréciant aussi bien les grands classiques tels que les ouvrages de Platon, Sophocle, Montaigne, Shakespeare, Baudelaire que les poètes modernes tels que Mallarmé, Cocteau. Mais cette rêveuse était également une grande lectrice sentimentale. C'est ainsi qu'à travers la transparence d'un cube de plexiglas, est présenté le manuscrit autographe de Madame de Bovary, nous y apercevons avec émotion l'écriture fine de Gustave Flaubert ainsi que toutes ses ratures.... C'est le silence de ses lectures qui éveille Gabrielle Chanel au monde, lui permet de s'en échapper, de rêver son destin, de se construire en trouvant dans les ouvrages qu'elle conserve la force et les moyens d'écrire sa propre légende. Comme le rappelle Jean-Louis Froment, commissaire de l'exposition : "Chanel était née au XIXème siècle, siècle pendant lequel les femmes n'étaient pas autorisées à lire. Très tôt, elle aura l'intuition que les livres pouvaient l'émanciper, lui permettre d'asseoir sa connaissance au monde. Elle pressentait que la poésie pouvait rendre l'être humain livre". A l'instar d'Emma Bovary, elle voulut construire sa vie comme celle d'une héroïne du XIXème siècle. A la manière des poètes et des écrivains qu'elle admirait, Gabrielle Chanel parviendra à imposer un vocabulaire et un style à sa vie. Une citation de Joséphin Péladan de son ouvrage "Initiation sentimentale" relate sa façon de vouloir vivre sa vie : "La vie qu'on mène est toujours peu de chose, la vie qu'on rêve, voilà la grande existence parce qu'on la continuera au-delà de la mort". Arthur Capel dit "Boy" fut l'amour de Gabrielle Chanel. Homme d'affaire anglais, Boy Capel occupa une place centrale dans la vie de Gabrielle Chanel. Leur liaison commença vers 1908 et perdura jusqu'à la veille des années 1920, en dépit du mariage de Capel. C'est en quittant Gabrielle Chanel à Paris pour rejoindre son épouse sur la Riviera pour les fêtes de Noël 1919 qu'il trouve la mort au volant de son automobile. Brisée par le chagrin, Gabrielle se réfugie dans le silence, plongeant dans les livres que Boy lui avait fait lire et dans ceux qui lui avaient appartenu, serrés dans sa bibliothèque comme de précieuses reliques. Il communiqua sa passion pour la littérature à sa maîtresse. Est présenté pour la première fois, un carnet de notes que Boy destinait à Gabrielle où étaient consignés des notes et conseils de lecture. Il y écrira notamment : "Pensées qui font réfléchir. Il est agréable de s'oublier dans la lecture, de suivre l'imagination de quelqu'un d'autre, mais il est meilleur encore de juger des choses en exerçant sa propre pensée." Parmi les ouvrages significatifs : "LA VIE" de Guy de Maupassant : Gabrielle Chanel est née le 19 août 1883 à l'hospice de Saumur, fille d'un colporteur ambulant, elle est d'origine paysanne. En cette fin du XIXème siècle, la France, bouleversée par la révolution industrielle amorcée vers 1850, connaît sa 1ère grande vague d'exode rural. Les conditions de vie misérable des paysans les poussent à s'installer près des grandes villes et dans les nouvelles régions industrielles. La grande bourgeoisie et les nouveaux capitaines d'industrie ont pris le pouvoir. C'est cette société en pleine mutation que dépeignent nombre d'écrivains dans une veine réaliste, à l'image de Guy de Maupassant avec son ouvrage "Une vie" qui décrit Jeanne Le Perthuis des Vauds, son héroïne, au 1er chapitre d'une manière qui ne cesse de nous faire penser à la vie de Gabrielle "Elle sortait maintenant du couvent, radieuse, pleine de sèves et d'appétits de bonheur, prête à toutes les joies, à tous les hasards charmants que dans le désœuvrement des jours, la longueur des nuits, la solitude des espérances, son esprit avait déjà parcourus". "ANTIGONE" Dans la bibliothèque de Gabrielle Chanel, les poètes et tragédiens grecs et romains, Homère, Virgile, Sophocle, côtoient les poètes du XXème siècle, notamment Jean Cocteau dont elle habille Antigone et Oedipe Roi, qu'il met en scène. A l'opposé de la mode, Gabrielle Chanel impose un style au caractère intemporel. Elle se rapproche d'une conception architecturée du corps dictée par la juste proportion que l'on pourrait qualifier d'idéal classique. Cet archétype hérité de l'Antiquité gréco-romaine trouve un écho dans le goût de Mademoiselle pour les lignes pures : celles de la statuaire antique que l'on retrouve dans sa mode qui se plaît à éliminer tout superflu pour mieux délier la silhouette. "LEWIS ET IRENE" Écrivain et diplomate, Paul Morand (1888 - 1976) fait partie du cercle de Gabrielle Chanel. Dans les années 20, son écriture, sa liberté, comme sa manière de conduire sa vie, trouvent un écho dans le style que Chanel parvient à imposer. Paul Morand connaît et apprécie Boy Capel, il s'inspire librement du couple qu'il forme avec Gabrielle Chanel pour écrire "Lewis et Irène", un roman publié en 1924 dont l'exemplaire figurant dans la bibliothèque de Mademoiselle Chanel porte la dédicace : " Ce Lewis qui rappelle un peu Boy Capel". Paul Morand publiera également "L'Allure de Chanel" dans lequel il relate leurs conversations. Elle était l'amie d'artistes, écrivains, poètes tels que Mallarmé, Cocteau, Reverdy, Max Jacob. En 1967, Roland Barthes écrivait : "Si vous ouvriez aujourd'hui une histoire de littérature, vous devriez y trouver le nom d'un nouvel auteur classique : Coco Chanel. Chanel n'écrit pas avec du papier et de l'encre mais avec de l'étoffe, des formes et des couleurs (...) élégante comme Racine, janséniste comme Pascal, philosophe comme La Rochefoucauld, sensible comme Madame de Sévigné". -
"Parade" - Oeuvre de Picasso pour ballet (1917)
By Elodie Froger . Posted on 14/05/2016
Chers lecteurs, jusqu'au dimanche 15 mai 2016 est exposé (entrée gratuite) au théâtre du Châtelet un superbe rideau décoré par Picasso, réalisé pour le ballet "Parade".
Chef-d’œuvre des collections du Centre Pompidou, ce rideau a rarement été présenté en raison de sa taille et de sa fragilité. Il retrouve au théâtre du Châtelet sa place pour une durée limitée, dans le lieu même pour lequel il a été conçu et réalisé, un siècle après sa commande.
Parade est un ballet en un seul acte composé par Erik Satie, d'après un poème de Jean Cocteau, avec des décors, des costumes et le fameux rideaux conçus par Pablo Picasso. L'oeuvre est une commandes des Ballets russes de Serge de Diaghilev qui en confia la chorégraphie à Léonide Massine.
La pièce est une parade comme on en voyait jadis au théâtre de la foire. L'univers poétique opposé à la brutalité du monde moderne constitue un parti pris de légèreté en pleine Première Guerre mondiale. Guillaume Apollinaire, dans la note de programme qu'il rédige pour Diaghilev, qualifie ce spectacle de « sur-réaliste ».
La première représentation a déclenché l'hostilité du public et de la critique. La musique, où jouaient entre autres des machines à écrire, fut traitée de bruit inadmissible par les plus conservateurs. Les costumes furent jugés beaucoup trop grands. Selon certains critiques cela cassait la gestuelle du ballet.
Satie s'agaça de la critique désobligeante de Jean Poueigh, parlant d'« outrag[e] au goût français ».
Revenons au rideau, il s'agit d'une peinture de Pablo Picasso faisant 10,5 × 16,4 mètres et pesant 45 kg. Il représente un groupe de saltimbanques festoyant entouré de grands rideaux rouges avec, sur la gauche, un cheval ailé lui-même surmonté d'une jeune femme ailée. À l'arrière-plan est figurée une ruine dans un bosquet.
Le projet initial de l'artiste était de se représenter lui-même sur le cheval.
Une chose assez intéressante à savoir à propos de ce rideau est que lors de son transport, il est tombé à l'eau mais n'a pas pu être sorti de suite ce qui lui donna un aspect délavé. Pablo Picasso conscient de cela, choisi de laisser le rideau tel quel.
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Fashion Forward....3 siècles de mode aux Arts Décoratifs (1715 - 2016) - 1ère Partie -
By Elodie Froger . Posted on 12/04/2016
Nous allons vous parler d'une exposition qui se déroule aux Arts Décoratifs jusqu'au 14 août et qu'il ne faut absolument pas manquer.....
"Fashion Forward" est une superbe rétrospective de la mode féminine, masculine et enfantine en France de la Régence à aujourd'hui.
Une fois les escaliers menant à la grande nef montés, les premières salles sont consacrées au XVIIIème siècle français. L'exposition s'ouvre par un modèle de robe dite "Volante" ou "Battante" très en vogue en France sous la Régence. Portée sur un panier circulaire, cette robe n’est qu’à demi fermée sur le devant laissant voir le corps à baleine. Elle se caractérise par des soieries richement dessinées, des manches dites en raquette et surtout par des plis dans le dos partant de l’encolure connus sous le nom de « plis à la Watteau ».
Puis de façon chronologique, nous arrivons à la période correspondant au règne de Louis XV et de la non moins célèbre Marquise de Pompadour et des robes dites "à la française". Ce type de robe née sous la Régence reprend quelques caractéristiques de la robe Volante, dont l’utilisation des paniers, mais surtout le fameux pli « Watteau » et les manches dites « Pagode ». La seconde particularité de la robe à la Française est son ajustement sur le devant du buste et le dos relativement lâche, ce qui en fait une robe plutôt agréable à porter.
Les Hommes passent des justaucorps à des habits à la française composé de l’habit, du gilet et de la culotte. Ce costume perdant de son ampleur vers le milieu du XVIIIe siècle. Les pans de devant de l’habit, prennent progressivement une coupe oblique. Le gilet qui se substitue à la veste, se porte plus court que l’habit. A partir de 1745, la culotte passe par-dessus le bas et est ajustée au-dessous des genoux par des jarretières.
L'époque Louis XVI occupe une place à part dans l'histoire du costume féminin et présente un intérêt particulier. Les robes à la française ne sont plus portées qu'à la Cour, ou lors de Cérémonie. La garde-robe féminine se diversifie et voit apparaître de nombreux types de robes dont les célèbres robes "à la Polonaise".
Dès le Consulat, la mode se simplifie de par les influences de l'Antique et la célèbre robe dite "à l'Empire" fait son apparition par l'intermédiaire de Joséphine de Beauharnais. Les femmes se libèrent des paniers et des corsets, se tournent vers des robes plus légères. Les étoffes deviennent plus fines, presque translucides favorisant le drappé néo-classique.
Puis les robes à partir de la Restauration se diversifient, la mode des cotonnades devançant les soieries très en vogue sous Napoléon Ier.
La période "romantique" des années 1830 se fait également ressentir dans la mode avec notamment les robes "de jour" se caractérisant par de jolies manches "gigot", une jupe volumineuse sur une taille très fine, conférant une silhouette "en sablier".
Et peu à peu apparaissent les fameuses "Crinolines" comme interprétation des paniers.
A partir de 1945, les robes à transformation apparaissent, elles sont constituées d'au moins 2 corsages que l'on peut changer selon les occasions, généralement l'un pour le jour l'autre pour le soir. Tout d'abord ronde, elle projette sa masse vers l'arrière à partir de 1860. Puis redevient un modeste tronc de cône à partir de 1867.
Maison Worth :Charles Frédéric Worth (1825-1895) fonde sa maison de couture en 1857. Il est le premier à généraliser le principe de collections saisonnières, à organiser des défilés de modèles et surtout à signer ses créations par une griffe. A partir de la IIIème République, la tournure apparaît. Les robes forment derrière un pouf. Pour sortir, on porte le jour une visite, sorte de petit manteau léger. La tournure évolue au cours des années, elle subsiste sous l'aspect dit d'une "queue d'écrevisse", puis dit "strapontin". Sous prétexte de correction, les costumes masculins se font de plus en plus sombres et rigides. Le jour, le complet veston s'impose.
A la Belle Epoque, Jacques Doucet se distingue dans sa boutique du 21 rue de la Paix à Paris où il compose pour ses clientes éprises de nostalgie une mode évocatrice des grâces du XVIIIème siècle. Il n'est pas l'inventeur d'une forme de robe ou d'un vêtement, mais l'interprète d'une conception de la féminité, fragile, fluide et infiniment sophistiquée. Son art s'épanouit essentiellement dans de coûteuses robes d'intérieur, des négligés et déshabillés mousseux. Jacques Doucet élabore un style arachnéen, à base de combinaisons de dentelles, de plissés, de broderies : la superposition des transparences, caractéristique de Doucet, qui crée autour du corps féminin un bouillonnement vaporeux, renvoie à l'idéal d'une féminité désincarnée, diaphane, que la peinture et la poésie symbolistes évoquent alors. C'est de mousseline, de tulle, de satin, aux nuances pastel, que Doucet revêt ses clientes ; les fleurs brodées, tissées, imprimées ou peintes dont il pare ses robes évoquent aussi bien le répertoire végétal rococo, que celui de l'Art nouveau.
Mariano Fortuny :Jacques Doucet, Jaquette vers 1898-1900 portée par Cléo de Mérode Velours de soie, broderie de perle de jais et paillettes
Mariano Fortuny est un couturier d'origine espagnole qui fit carrière à Venise au début du XXème siècle. Il révolutionna la mode en élaborant des coupes épurées grâce à des techniques innovantes permettant leur maintien. En 1907, il conçut une de ses plus célèbres créations : la robe « Delphos ». Inspiré par la Grèce antique et ses statues, il met au point une robe en soie plissée, retenue aux épaules, glissant le long du corps pour révéler les formes naturelles de la physionomie féminine. La robe était conçue d’une seule pièce. Pour l’assembler, il utilisait des perles de verre qu’il plaçait aux emmanchures et tout au long des coutures latérales. Ce détail ajoute un aspect luxueux et raffiné à la créations, mais les perles servaient également de lest pour parfaire le tombé du tissu. La robe « Delphos » est une œuvre artistique dans la conception de sa pigmentation. Fortuny et sa femme teignent de la soie grège avec des produits naturels pour obtenir des nuances délicates. Les tissus sont conçus comme des peintures. La soie reçoit plusieurs couches successives pour créer un effet de lumière et de transparence. Mariano imprime et retouche le tissu à l’aide d’un pinceau. Il crée des textures et des accords picturaux qui ne se répètent jamais. Dans sa robe « Delphos » il n’y a pas d’accessoires superflus ni d’artifices. Ses vêtements répondent à sa conception originale: sublimer le corps de la femme sans le contraindre. La femme est libre de ses mouvements.
Babani :Ouvert Boulevard Haussmann à Paris en 1894 par Vitali Babani, le magasin Babani est spécialisé dans la vente d'objets d'art, de soieries du Moyen-Orient, mais aussi de kimonos importés d'Extrême-Orient. Babani réalise également des modèles de kimonos confectionnés dans ses ateliers de Kyoto et griffés de son nom. Apprécié des élégantes de la Belle Epoque pour son ampleur et la facilité des mouvements qu'il permet, le kimono traditionnel s'occidentalise.
La maison Callot Soeurs :La maison Callot Sœurs fut fondée en 1895 rue Taitbout à Paris dans le 9ème arrondissement par les quatre sœurs Callot (Marie Gerber, Marthe Callot Bertrand, Regina Callot Tennyson-Chantrell et Joséphine Callot Crimont). Les sœurs connaissent le succès grâce à leurs travaux sur l’amélioration de blouses et de lingeries avec l’ajout de dentelle et rubans. Le succès les conduit naturellement à une diversification en élargissant leur activité à d’autres vêtements. Les sœurs Callot appréciaient le style orientaliste, leur style était caractérisé par des motifs floraux, des broderies et la présence de manches kimonos. Elles remirent certaines matières au goût du jour comme les dentelles anciennes, la gabardine caoutchoutée ou encore la soie chinoise. Elles furent à l’origine du lamé or et argent pour le soir, très prisé à l’époque par les actrices et autres personnalités internationales. Elles furent très influentes dans les années 20.
A suivre les années Art Déco..... -
L'Art : un acte de resistance
By Virginie PILLON . Posted on 17/11/2015
L'Art sert toutes les causes : il exprime l'Amour, la Beauté, le Désir, la Haine, la Guerre. Heureusement, parfois il sert à dénoncer la barbarie perpétrée par les Hommes et à lutter contre les ignominies au point de devenir un symbole contestataire de toute une génération.
Les artistes sont souvent amenés à s'engager et à faire un choix : accepter ou résister , rester ou partir... !
L'un des exemples les plus connus est incarné par la célèbre toile peinte par Pablo Picasso à la suite d'un bombardement de la ville de Guernica le 26 avril 1937 par les troupes nazies allemandes et fascistes italiennes, à la demande des nationalistes espagnoles, lors de la Guerre d'Espagne. Par ce tableau, Picasso exprime toute l'horreur et la colère que de tels événements ont suscitées. Cette toile devient le symbole de la dénonciation de la barbarie du gouvernement franquiste. Elle acquiert une portée politique internationale au point d'être reprise pour dénoncer la violence et les atrocités de la Guerre en général.
Plus récemment, l'artiste urbain anglais Bansky évoque un engagement artistique, par ces œuvres revendicatives. En mêlant gaité et gravité, l'artiste questionne et interroge sur les atrocités de la guerre et le monde moderne.
Le street-artiste parisien Fred Le Chevalier recouvre les murs des lieux où se sont déroulés le 13 novembre dernier les attentats parisiens, de collage de petits personnages poétiques que vous avez déjà peut-être aperçus avant ce drame dans les rues de l'Est parisien. Accompagnés de citations, l'artiste répond naïvement et avec douceur à la violence et à la haine véhiculées par ces actes effroyables.
Les passants s'approprient l'oeuvre en y ajoutant des phrases ou des mots. L'oeuvre devient prétexte à l' échange et à l'expression.
L'artiste nantais Jean Jullien illustre également par une "tour Eiffel stylisée du symbole peace and love" toute la puissance de la protestation des parisiens, des français et de tous ceux qui se refusent à céder à l'obscurantisme et à la négation de la liberté, devenant ainsi un emblème sociétal.
L'Art devient ainsi un symbole de résistance et d'échange. En ces temps troublés, il serait une erreur et dangereux de nier le pouvoir et l'intérêt que dégage la création artistique. L'Art n'est pas accessoire, l'Art est une libération. Il dénonce les actes odieux et réveille les consciences. Alors, chers amis artistes, libérez-vous et libérez-nous !
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Galerie Rastoll : une nouvelle façon de présenter l'art contemporain
By Virginie PILLON . Posted on 03/11/2015
Cette semaine, notre amie Aline nous présente la Galerie Rastoll, un nouvel espace incontournable pour tous les amateurs d'Art Contemporain. Ouvert le 2 septembre dernier dans le quartier du Haut Marais à Paris, cette galerie accueille des photographes et des céramistes. Collectionneur, artiste, passionné, exigeant et curieux. François Rastoll incarne une nouvelle façon de présenter l'art contemporain s’interrogeant toujours sur notre rapport à l’art, au monde.
François Rastoll nous parle de sa démarche et de ses choix.Comment est née l’idée d’ouvrir votre galerie ?
C'est avant tout un rêve d'enfance. Je suis moi-même collectionneur depuis très jeune. J'aime l'art et la culture parce que cela me permet de mieux comprendre et d'appréhender le monde qui m'entoure. A côté de cela j'ai également un parcours professionnel atypique dans le monde de la prestation de services aux grandes entreprises. J'ai donc décidé d'arrêter de travailler pour ces entreprises il y a 4 ans afin de me consacrer exclusivement à l'art. J'avais quitté le monde des expositions depuis plus de 10 ans j'ai donc tout repris à zéro. D'expositions en expositions j'ai recommencé à respirer, à retrouver mes marques et très rapidement le projet de gérer des expositions pour d'autres m’est venu. En 2014 l'opportunité s'est présentée de collaborer comme directeur artistique pour de belles expositions et de collaborer pour monter de A à Z, des expositions communes. Le processus était enclenché et en réalisant ce que je pouvais faire pour moi et les autres, j'ai eu envie d'avoir un lieu à moi. En février 2015 tout s’est arrêté un peu brutalement mais comme j'avais anticipé cette partie de mon avenir j'ai pu rebondir et chercher le lieu qui allait devenir la galerie Rastoll.
Vous aviez une idée précise de ce que vous vouliez présenter dans ce lieu ?
Oui dès le départ je savais ce que je voulais voir dans la galerie, j'ai d'ailleurs mis en place la structure et la répartition de l'espace de la galerie en fonction de cela. La photographie allait être majoritairement représenté mais aussi la céramique
Vos choix de présenter tel ou tel artiste se concrétisent comment ?
Pour la photographie je regarde essentiellement la démarche d'auteur. J'aime cette capacité de pouvoir raconter une histoire. Pour la céramique c'est assez différent, je regarde avant tout la matière, l'email quand il y en a et le type de cuisson. Et que ce soit pour la photographie ou la céramique, c'est l'émotion procurée par l'œuvre qui me fait me pencher sur le travail de tel ou tel artiste.
Quels sont vos projets et envies pour l’avenir ?
Pour l'instant continuer comme cela en essayant différentes choses. Par la suite je souhaite intégrer la galerie dans les grands événements d'art internationaux. Chaque chose en son temps, mais en ayant déjà cette posture cela me permet de mieux anticiper ce qui doit être fait pour y arriver.
Vous êtes aussi un partenaire essentiel dans un concours que vous avez lancé depuis quelque temps, pouvez vous nous en parler ?
Dès la construction du projet de la galerie je souhaitais mettre en place un prix photographique. Il se trouve que James Vil responsable d'Art photo lab et photographe que je connais, m'a contacté fin juin pour me présenter son projet sur lequel il travaillait depuis pas mal de temps. Il m'a proposé de faire partir de l'aventure en devenant partenaire. J'ai accepté immédiatement en proposant d'offrir l'exposition aux 3 gagnants en janvier.
Très rapidement d'autres partenaires se sont ajoutés pour devenir un prix comprenant de belles dotations pour les trois gagnants. C'est une aventure particulièrement intéressante et enrichissante pour moi comme pour la galerie car elle permet de voir aussi ce que propose le monde de la photographie en ce moment.
La galerie Rastoll située, 16 rue Sainte Anastase, 75003 Paris, est ouverte du mardi au samedi de 12h à 19h.Retrouvez toutes les informations sur le site et les différents liens :
www.facebook.com/GalerieRASTOLL
www.galerie-rastoll.tumblr.com
Les expositions s’enchaînent. Après la très belle exposition "Reminiscence" de Loïc Guston, François accueille du 3 au 28 novembre 2015, 5 photographes qui présentent leur regard et leur vision de la photographie urbaine.Philippe Blayo – Philip Bryden – William Guillmain – Françoise Hillemand –Marjolaine Vuarnesson
A découvrir sans attendre...
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François OLLIVIER - jeune artiste numérique
By Virginie PILLON . Posted on 18/06/2015
François Ollivier est né, le 05 janvier 1978, en Bretagne, à Lannion (22). Son père travaille dans le bâtiment, et très vite la famille toute entière est amenée à voyager et à déménager pendant une dizaine d’années. La famille pose enfin ses valises à Rennes et François Ollivier va y vivre son adolescence.
Il y suit des études de cinéma audiovisuel et découvre une ville de culture, mélangeant les arts visuels aux arts musicaux. Ces études de cinéma influencent François Ollivier dans sa vision de la vie. Le cadrage devient alors pour lui une manière de voir les choses et de se les approprier.
François Ollivier aime les cadres atypiques et cela se ressent dans sont art, il travaille sans codes et suit son instinct.
Devenu caméraman, après une formation professionnelle à l’école EMC, il travaille dans le spectacle vivant pour plusieurs artistes. Il voyage alors beaucoup et utilise son temps libre pour croquer les moments, les émotions qu’il vit.
Lors d'un spectacle, il rencontre sa femme, qui devient pour lui son équilibre, la mère de ses deux enfants et celle qui va lui faire prendre conscience que tous ces instants croqués, méritent d’être partagés. Né alors « FOL » le pseudonyme qu’il choisit pour signer ses tableaux.
François Ollivier produit de plus en plus d’œuvres. Il trouve enfin le support idéal pour matérialiser son art numérique en l’imprimant sur de l’aluminium recouvert de verre acrylique. Son œuvre prend corps lors d’une première exposition en 2014 à Rennes. On y découvre alors un univers mélangeant le noir et blanc aux couleurs, la matière au vide. On y retrouve son goût du cadrage serré, des panoramiques, des fresques et surtout un style frais et décomplexé.
Son travail ne cesse d’évoluer, toujours à la recherche de la perspective nouvelle, d’un cadre différent et d’une liberté créative totale.
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Exposition : Le bagage du luxe du 18ème siècle à nos jours
By Virginie PILLON . Posted on 18/05/2015
Exposition du 23 au 25 mai à Haguenau
Plongez dans le monde fascinant des malles et des voyages et ne venez visiter l'exposition consacrée à la bagagerie de Luxe et ses usages, qui se déroulera à Haguenau du 23 au 25 mai prochain à la Hall du Grand Manège à Haguenau dans le Bas-Rhin (67).
1300 m² d'exposition
Sur près de 1300 m², l'exposition retrace l'histoire du voyage du 18ème siècle à nos jours à travers les métamorphoses du bagage, des modes de transport et des modes vestimentaires.
Pour l’occasion, le visiteur découvrira un Hall du Grand Manège totalement métamorphosé. La scénographie imposante est structurée autour d’îlots en construction, suggérant avec finesse les atmosphères d’époque : l’âge de la diligence au 18ème siècle, l’arrivée du train au 19ème, les longs voyages en paquebot au début du 20ème pour finir avec les escapades sur la nationale 7 en 4CV. L’exposition propose une visite interactive et ludique, permettant une véritable immersion dans le monde du voyage. Le visiteur aura ainsi l’occasion d’accéder à une partie d’une cabine de paquebot ou d’attendre son train sur une reconstitution de quai de gare. Décors imposants, projection vidéo, son et lumière… la scénographie imaginée par l’Atelier Caravane met tout en œuvre pour donner vie à la collection de malles exposée.
La plus grande collection d'Europe de bagages
La quasi totalité des objets exposés est issue de la plus grande collection d’Europe de bagages anciens, restaurés par M. et Mme Rolland, couple de collectionneurs passionnés haguenoviens. Près de 200 malles et bagages d’une grande diversité, dont certaines pièces uniques au monde, sont présentées au public. Au fil des siècles, les formes évoluent, les utilisations aussi : des coffres de Nuremberg et des marmottes des commerçants ambulants à l’émergence des véritables malles de luxe Louis Vuitton, Moynat ou Goyard, la collection est d’une grande richesse. Malle-lit Louis Vuitton utilisée dans les expéditions coloniales, malle-bureau de Sir Arthur Conan Doyle, malle à chaussures pour cantatrice internationale… autant de pépites d’ingéniosité qui ne manqueront pas d’interpeller le visiteur.
Information pratiques
Hall du Grand Manège 2 rue des Chevaliers 67500 Haguenau (à côté de l’Hôtel de ville)
Du 23 mai au 25 octobre 2015 du mercredi au dimanche : de 14h à 18h
Plein tarif : 6€ / Tarif réduit : 4€
Exposition trilingue : français, allemand, anglais
Visites guidées tous les dimanches à 15h et 16h.
Visites théâtralisées par le Théâtre des 2 Haches un samedi par mois à 15h et 16h30. (Samedi 23 mai, 27 juin, 18 juillet, 8 août, 19 septembre, 24 octobre et dimanche 5 juillet pour le marché des Terroirs).
Renseignements au Musée Historique : +33 3 88 90 26 46 et www.haguenau2015.fr www.la-malle-en-coin.com"www.la-malle-en-coin.com -
La Fondation Louis VUITTON : la nouvelle odyssée parisienne
By Elodie Froger . Posted on 25/01/2015
Le 20 octobre 2014, le célèbre président de la société LVMH, Bernard Arnault, inaugurait en compagnie de son architecte Frank Gehry, la Fondation Louis Vuitton, nouveau lieu de découverte de création artistique contemporaine à Paris. Ce temple privé d'art devrait accueillir dans les 700 000 visiteurs par an. Ce superbe vaisseau déposé en bordure du Jardin d'Acclimatation est une véritable ode à l'environnement : "Une géométrie en courbes et lignes épousant les formes du jardin, les jeux de transparence des douze voiles de verre, un bassin dans lequel le bâtiment se reflète...En jouant sans cesse avec les frontières entre extérieur et intérieur, le bâtiment invite à une promenade dont les repères souvent déplacés, donnent à vivre une expérience architecturale unique".Parmi les collections permanentes, vous retrouverez des sculptures d'Alberto Giacometti :
Femme debout par Alberto Giacometti
Tête par Alberto Giacometti
Une sculpture monumentale de Thomas Schütt figurant un "Homme debout dans la bout"
L'architecte américain Frank Gehry incarne à lui seul l'image de l'architecture contemporaine. Mondialement reconnu pour des projets qui ont aujourd'hui valeur d'icône, son œuvre a révolutionné l'esthétique de l'architecture, son rôle social et culturel dans la ville. Parmi ses réalisations non moins célèbres :
Le Musée Guggenheim de Bilbao (Espagne)
Pour décrire la Fondation Louis Vuitton, l'architecte évoque "un iceberg posé sur l'eau". Cette forme est aussi insensée que sensuelle, dotée de 19 000 plaques de béton blanc fibré et d’une enveloppe vitrée de 13 500 mètres carrés : «Mon idée était de construire un bâtiment en mouvement, comme un nuage qui change sans cesse son apparence grâce à la lumière».
Les 11 700 mètres carrés de surface et les 3 800 mètres carrés d’espaces muséographiques de cette Fondation privée se transformeront en 2065 en musée municipal.
Actuellement, sont notamment exposés tous les dessins, maquettes, relevés effectués par F. Gehry et son équipe pour réaliser cet édifice
Autre superbe exposition du moment, Oluf Eliasson : "Cette exposition s'attache à ce qui se situe en bordure de nos sens et de notre connaissance, de notre imagination et de nos attentes. Je m'intéresse à l'horizon, qui pour chacun de nous, sépare le connu de l'inconnu." Dont nous vous livrons quelques photos :
En espérant que nous vous aurons donné envie d'aller visiter ce superbe édifice.
Elodie FROGER